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       MÉMOIRE VIVANTE DU MARAICHAGE.
N°55 septembre 2003

Le maraîchage est au cœur de la vie de notre cité depuis de nombreuses années; il a stimulé son développement et suscité l'arrivée successive de populations diverses.

Le comité MEMOIRE ET HISTOIRE a recueilli les témoignages d'anciens Montessonnais représentatifs de cette évolution : aujourd'hui, les souvenirs de Mr et Mme Deguise, de Mme Jacob et de la famille Laglantine, interrogés par Mme Andrée Laglantine et Mme Boudier-Lacaze.

Les cultures maraîchères apparurent progressivement au cours du 19ème siècle : le terme de maraîchage est spécifique de cultures réalisées sur "marais", c'est-à-dire sur des terrains aménagés pour un arrosage intensif permettant de produire plusieurs récoltes par an. La culture et la récolte de ces légumes ont toujours nécessité une main d'œuvre importante.

 

 

 

 

 

Le bottelage des poireaux, Famille Couturier, avant 1914.

Selon Mme Deguise, le travail dans les exploitations était organisé autrefois selon une hiérarchie stricte, comprenant d'une part des employés permanents : régisseur, premier commis, chef d'équipe; et d'autre part des saisonniers et des tâcherons, hommes et femmes, qui louaient leurs services, pour le sarclage des carottes, par exemple. Après 1918, certains exploitants montessonnais de souche ont disparu car leurs enfants se sont "embourgeoisés" en achetant hôtels ou cafés. Les commis et régisseurs ont alors commencé à louer les terres arables, de manière verbale, à de nombreux propriétaires. Ces deux caractéristiques (location verbale et multiplicité des propriétaires) subsistent aujourd'hui et sont typiquement montessonnaises. Le prix des locations est encore fixé par rapport au cours du blé. Les propriétaires sont au nombre de mille environ ; bien qu'il n'y ait jamais eu de remembrement (sauf de manière ponctuelle en 1997), les exploitants s'arrangent entre eux pour regrouper les parcelles et disposer de grands terrains de culture.

Dans l'entre-deux guerres, le besoin grandissant de main d'œuvre a entraîné l'arrivée massive de Bretons, en majorité de l'arrondissement de Saint Brieuc dans les Côtes d'Armor. La présence des Bretons à Montesson n'était pas un fait nouveau : les premiers sont arrivés vers 1866 ; le recensement de 1911 annonce plus de trois cents natifs des Côtes du nord, soit 15% de la population, sans compter tous les natifs de Montesson à patronyme breton, rejetons des familles établies depuis 1866. En 1945, une grande partie de la population appartient à la communauté bretonne. 

Mme Jacob est arrivée à Montesson en 1943, à l'âge de 20 ans ; elle raconte :

"L'oncle de mon mari était déjà installé à Montesson depuis 1936 ; les premiers Bretons étaient arrivés à pied, usant de deux à trois paires de sabots pour faire la route. Pendant la guerre, j'ai été vendeuse aux Halles ; en 1945-46, nous avons travaillé, mon mari et moi, chez l'oncle de mon mari, puis chez Maxime Guyard. Mon mari était chef de culture et nous étions logés, nous sommes restés quatre ans. Ensuite, chez Marius Bontemps, quatre ans encore. En 1954 nous avons conclu un fermage avec le Crédit National, propriétaire de la ferme avec ses terres, dépendances du château Laffitte (actuellement : château des Sophoras). Il y avait un loyer fixe trois fois par an, plus la location des terres ; le montant du loyer était fixé par rapport au prix de vente des légumes. Nous avons acheté un cheval. Nous cultivions poireaux, oignons, salsifis et navets. Nous n'avons fait la culture de la salade qu'à partir de 1960. Nous vendions à un grossiste qui venait avec son camion chercher la marchandise."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’association des Bretons, dans les années 30-40.

 

Les Bretons ont apporté leurs traditions : fête des Bretons à Montesson avec fabrication des crêpes dans la rue, fest-noz annuel à Poissy, port de la coiffe, usage de la langue bretonne comme par exemple au café "les cousins" aux Charmettes où ouvriers agricoles et employés de maison avaient coutume de se retrouver ... tout cela est venu s'intégrer à une vie locale riche en cafés, en bals, en querelles...

Puis les Portugais ont pris le relais : venus dans les années 1960 comme travailleurs à la tâche. Ils logeaient parfois dans des baraques en planches ; beaucoup sont restés et ont contribué à restaurer les anciennes maisons du centre de Montesson ; nous en reparlerons.

L'histoire du maraîchage montessonnais continue sous nos yeux, mais pour combien de temps ?
Dans un prochain article, nous donnerons la parole à Mr Marcel Fleury qui nous contera l'histoire et le labeur de six générations de cultivateurs montessonnais.

Et à vous aussi, lecteurs : n'hésitez pas à nous écrire pour proposer d'autres explorations de l'histoire ancienne et récente de notre ville et de sa vie...

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