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           De l’exercice du suffrage universel :            Le plébiscite de 1852.
         N°111 décembre 2012

De l’exercice du suffrage universel : Le plébiscite de 1852

Louis Napoléon Bonaparte, élu président de la 2ème République le 10 décembre 1848, s’empare de tous les pouvoirs par le coup d’État du 2 décembre 1851. L’opposition est décimée, l’action du prince-président est approuvée par plébiscite fin décembre.


Les 21 et 22  novembre 1852, c’est la question du rétablissement de l’Empire qui est posée : OUI ou NON ?

Délibérations au Sénat sur le rétablissement de l’Empire, 7 novembre 1852 :
« Après les grands ébranlements politiques, il arrive toujours que les peuples se jettent avec joie dans les bras de l’homme fort que leur envoie la Providence ».

Réponse du gouvernement au projet du Sénat le même jour : « Je m’empresse de vous faire savoir que le Gouvernement ne s’oppose pas à la prise en considération de ce projet ».
(Le contraire eût été étonnant !).

Lettre du préfet de Seine et Oise aux maires du département datée du 15 novembre (extraits) : « Il importe que l’opinion publique ne puisse être trompée sur le résultat de ce scrutin : il faut que le chiffre du 21 novembre soit supérieur à ceux de 1848 et 1851 : la France en se montrant unanime dans son vote enlèvera toute espérance à ceux qui auraient la pensée de résister à sa volonté…monsieur le Maire, qui êtes investi de la confiance du gouvernement, vous devez employer tout votre zèle et votre activité à ce qu’il en soit ainsi ». (Les maires, officiellement chargés de faire voter pour le oui, ? curieuse conception de la démocratie !).

 

 

 

 

«

 

 «  M’sieu l’maire, quoi c’est donc qu’un bibiscite ?
C’est un mot latin qui veut dire OUI ! »
. Caricature de Daumier

 

 

Lettre du préfet aux mêmes le 18 novembre, in extenso : 
« Monsieur le Maire, j’ai l’honneur de vous envoyer des bulletins OUI. Vous voudrez bien , je vous prie, les faire remettre à chacun des électeurs de votre commune, soit chez eux, soit en les faisant distribuer à la porte du collège électoral, selon que vous le jugerez le plus convenable.
Il est bien entendu que cette distribution ne saurait avoir pour but de gêner la liberté des électeurs, que nous avons à cœur de respecter, tout en éclairant l’opinion publique ; elle est destinée seulement à faciliter le vote de ceux qui auraient le désir de donner leur adhésion au plébiscite soumis à la sanction du peuple français. Veuillez agréer, etc. ».
(Effectivement, les maires, alors nommés par le préfet, servent d’agents électoraux ; quant au respect des opinions, quelle cynique tartufferie !).

Dépêche du ministère de l’Intérieur du 22 novembre aux préfets :
« Monsieur le préfet, les nouvelles de tous les points de la France sont excellentes. Partout on signale l’empressement des électeurs à voter. La pluie a contrarié dans plusieurs départements les préparatifs de fête qui s’étaient organisés de toutes parts, mais n’a pas arrêté l’élan des populations…Recevez monsieur le Préfet, l’assurance etc. ».
(La méthode a porté ses fruits : Napoléon III est adoubé avec 96,86% de OUI, 80% des citoyens ont pris part au vote. Et ce, malgré la pluie !).
Résultats à Montesson : 363 inscrits, 332 votants : 331 oui, 1 seul non !

Autre temps, autres mœurs!
Réjouissons-nous de vivre en ce 21ème siècle dans un État démocratique évolué qui a moralisé ses pratiques électorales…

Mémoire et Histoire vous présente ses meilleurs vœux pour 2013.

Tous les textes de cet article proviennent des archives départementales, cote 2M 4-5.


                                               

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