ACTES DU COLLOQUE HISTOIRE DES YVELINES N° 2
Thème 2008 : Les élus des Yvelines, de 1789 à nos jours
Notre communication : Les élus de la 3ème Républiques à Montesson de 1870 à 1914
SOMMAIRE
Introduction : Montesson à la fin du Second Empire
En 1870, la population atteint 1600 habitants, une majorité de petits propriétaires ruraux et une quarantaine d’artisans et commerçants, pour la plupart issus de familles paysannes locales. Beaucoup de villageois sont illettrés : au recensement de 1866, 60 % environ des habitants disent savoir lire, mais 40% seulement savent lire et écrire.
Depuis toujours enclavé, à l’écart des axes routiers et des ponts, le village est ignoré par les voies ferrées qui desservent les communes voisines. À trois quarts d’heure de marche des gares les plus proches, Montesson reste une commune rurale, isolée, peu attirante pour la bourgeoisie parisienne.
Au national, les Montessonnais votent majoritairement pour l’Empereur. Mais localement les élus bonapartistes sont contestés. À la faveur de discordes locales, l’administration impériale doit nommer deux hommes notoirement connus pour leurs opinions républicaines au poste de maire : Louis Michel Dapoigny en 1860, Auguste Faullain de Banville en 1866. En août 1870, l’élection puis la nomination du bonapartiste Félix Philippe est plus conforme à l’état d’esprit conservateur de la commune.
1 - Les élus de la période : les équipes et les maires
1870-1881 : une équipe bonapartiste
Antoine Félix Philippe (1818-1895), maire de 1870 à 1881
1881-1892 : succès des républicains et consolidation
Auguste Faullain de Banville (1828-1901), maire de 1881 à 1887
Louis Ferdinand Chauvin (1826-1907) maire de 1887 à 1892
1892-1914 : l’hégémonie radicale socialiste
Jean Philippe (1828-1903), maire de 1892 à 1900
Marcel Marigné (1848-1922) maire de 1900 à 1917
2 - Qui sont les élus ?
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L’affirmation d’un groupe social : autochtones, maraîchers, parents
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Familles d’idées : libres penseurs, frères en maçonnerie, radicaux de gauche
3 : Les élus, passeurs de la culture républicaine dans la commune
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La conquête de l’espace communal et la célébration des rites républicains
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La transmission des valeurs de la République par l’école, l’éducation populaire et la vie associative
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Les résistances et conflits liés aux lois de laïcisation
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L’évolution démographique et sociologique de la commune et la question sociale.
Conclusion
Dans une commune rurale à l’écart des axes de communications modernes mais proche de Paris, un groupe social de petits propriétaires autochtones a assuré à la fois l’adaptation de l’activité agricole à une économie de marché, et l’accompagnement des citoyens dans un nouveau système de valeurs et de rites. Sous leur impulsion, la République a conquis le territoire et les hommes.
Ces hommes, longtemps stigmatisés pour leurs idées subversives, ont peu à peu constitué une élite locale, solidement implantée, partageant les mêmes travaux et les mêmes loisirs.
Le radicalisme, vieux mouvement d’une gauche attachée à la défense de la petite propriété, s’effondre aux législatives de 1919. Mais à Montesson, où l’activité maraîchère se développe et se maintient encore aujourd’hui, les radicaux gardent la mairie jusqu’en 1989, à l’exception des 2 années 45-47.
Le dernier maire radical de gauche réélu pendant 4 mandats, Édouard Behuret, était un maraîcher de vieille souche, et le gardien de la mémoire montessonnaise.
Nous lui laissons le dernier mot.
Il racontait comment son grand père, un républicain libre penseur, avait fait une chute mortelle en tombant du toit de sa maison, où il installait un buste de Marianne sur la cheminée. Ce mécréant mourut en blasphémant contre la malédiction divine… ce qui avait permis au Journal de Saint Germain qui relatait l’événement d’écrire en guise de conclusion que « la patience de Dieu n’est pas infinie » !
Voir aussi article Montesson en direct n°85 : Les élus de 1870 à 1914